(Ce texte est une retranscription de l'épisode de notre podcast enregistré avec Keren, nous rappelons que ce que vous allez entendre ou lire est son témoignage personnel et ne prétend pas résoudre les débats complexes en cours.)
Sommaire :
Où retrouver Keren
Bienvenue dans cette interview passionnante avec Keren. Keren, merci beaucoup d'être ici aujourd'hui.
Keren : Bonjour, merci beaucoup d'être avec nous.
La Vie de Keren : La Force Derrière la Passion Athlétique
Pour commencer, pour ceux qui ne te connaissent pas, est-ce que tu pourrais te présenter brièvement ?
Keren : Bien sûr. Je m'appelle Keren. Je suis autrice, entrepreneuse et une passionnée de sports, en particulier de crossfit. Je tiens à préciser que le sport a une place très spéciale dans ma vie, étant une ancienne athlète handisport. Mon mari et moi, nous avons toujours rêvé de devenir parents, mais en raison de nos handicaps, nous avons dû emprunter un chemin peu conventionnel.
Le Désir de Devenir Parents
C'est un parcours intrigant, Keren. Pourrais-tu nous en dire plus sur votre histoire de couple ?
Keren : Absolument. C'est une histoire personnelle, une aventure qui nous concerne profondément. Mon mari et moi sommes tous les deux handicapés. Nous avons entamé ce parcours il y a 12 ans, et dès le début, nous avons souhaité devenir parents. Cependant, nos handicaps nous empêchent d'avoir des enfants de manière conventionnelle. Mon handicap oculaire m'empêche de porter un enfant, et ma maladie est transmissible. De plus, j'ai de l'endométriose. Mon conjoint, quant à lui, n'a pas ses gamètes. Cela nous a poussés vers des traitements de procréation médicalement assistée (PMA), des FIV, et même l'adoption. Finalement, nous avons opté pour la gestation pour autrui (GPA), car c'était la seule solution qui s'offrait à nous. Tout au long de ce parcours, nous nous sommes posé d'innombrables questions, remettant en question nos motivations, nos droits à devenir parents, et la signification profonde de tout cela. C'est une aventure qui a mis notre amour à l'épreuve de manière inimaginable.
La GPA Expliquée
C'est une histoire incroyable, Keren. Pour nos auditeurs qui ne sont pas familiers avec la GPA, pourrais-tu expliquer en quoi elle consiste ?
Keren : Bien sûr. La GPA, ou gestation pour autrui, est le processus par lequel une femme porte l'enfant d'une autre femme. En d'autres termes, une mère d'intention, comme moi, qui souhaite avoir un enfant mais ne peut pas le porter, collabore avec une femme qui accepte de porter l'enfant pour elle. Il est essentiel de noter que nous avons choisi de réaliser ce processus dans un pays où notre enfant obtiendrait la nationalité. En France, la GPA n'est pas autorisée.
Les Options de Gestation Pour Autrui
Effectivement, la GPA est un sujet complexe en France. Pourquoi penses-tu que cela soit ainsi ?
Keren : C'est une question importante. En France, la PMA est autorisée jusqu'à un certain âge, mais au-delà, de nombreuses femmes se rendent à l'étranger pour recevoir ces traitements, et elles sont remboursées à leur retour en France. Cela semble absurde. En ce qui concerne la GPA, ce sont des couples infertiles qui souhaitent avoir des enfants. Il y a des enfants désireux d'avoir des parents, et des parents désireux d'avoir des enfants. Pourtant, la France refuse cette option. Les Français sont prêts à accepter la GPA, mais la loi ne l'autorise pas. Cela m'a toujours semblé déconcertant. La GPA, en réalité, n'est pas l'achat d'un enfant, mais un acte empreint d'amour et de sacrifice. C'est un parcours difficile à bien des égards, qui teste le couple à chaque étape. Ceux qui le voient comme l'achat d'un enfant ne comprennent pas la profondeur de cet engagement et l'amour sincère qui le motive.
C'est une perspective importante à partager. Keren, tu as mentionné avoir écrit un livre intitulé "Au-delà des mots". Pourrais-tu nous en dire un peu plus sur ce projet ?
Keren : Bien sûr. "Au-delà des mots" est un livre que j'ai écrit il y a quelques années, inspiré par notre parcours vers la parentalité. C'était ma manière de faire face à la difficulté de ce parcours, de mettre des mots sur nos épreuves. Au fil du temps, j'ai partagé le livre avec mon mari, et il m'a encouragé à le publier, pensant qu'il pourrait aider d'autres couples à se projeter dans un voyage similaire. Le livre raconte notre histoire, nos défis et les raisons pour lesquelles nous avons choisi ce chemin. Il est destiné à expliquer à notre futur enfant d'où il vient et à lui faire comprendre à quel point il est aimé, que notre amour transcende les limites et que, par-dessus tout, l'amour est la force qui guide notre voyage.
Le Parcours de la GPA
C'est un beau parcours assez incroyable ce que tu nous racontes. Est-ce que tu peux nous en dire un petit peu plus justement, quand on souhaite se lancer dans la GPA, par où on commence, comment on trouve, comment ça fonctionne. Parce qu'effectivement en France, tu disais, la GPA c'est quelque chose qui est illégal. Il n'y a pas d'aide de ce côté-là. Est-ce que c'est via les réseaux sociaux ? Comment ça fonctionne ? Kéren : Déjà, avant de se lancer sur la GPA, on essaie de déblayer un peu le chemin. On commence par la PMA. On commence d'abord par voir si on peut porter un enfant. Je vais aller assez vite. Moi, je ne pouvais pas le porter. Puis j'ai eu plusieurs échecs d'implantation. Je suis arrivée à un point où il n'y avait plus de solution pour moi. Et donc, on part vers l'adoption. La marche d'après, la PMA, c'est d'abord l'adoption. On essaie d'abord de voir ce qui est possible. Il y a un parcours aussi. Il y a un parcours tout à fait épique. Et quand on est en couple hétéro, je dis bien, homo, encore c'est autre chose. Parce que l'adoption pour les couples homos, c'est encore très difficile. Quasiment impossible, je dirais même. Donc, on part vers l'adoption. Et nous, l'adoption, on nous l'a refusée en quelque sorte. Parce qu'on nous a dit, vous n'aurez des enfants qu'à particularité. On nous a dit, qu'est-ce que c'est la particularité ? C'est des enfants qui portent le sida. C'est des enfants qui ont un handicap. Et moi, j'ai demandé à la dame, vous ne trouvez pas qu'on est déjà bien chargés, mon mari et moi ?
C'est fou, mais pourquoi ? Parce que vous-même, vous êtes porteur de handicap, on vous aurait assigné un enfant porteur de handicap lui-même ? Keren : Je n'ose le dire. En tout cas, ça a été notre parcours. On nous a dit, vous aurez des enfants à particularité. On nous a voulu dire, on nous a dit, c'est des enfants qui ont de lourdes maladies, notamment le sida. Ou c'est des enfants qui ont eux-mêmes un handicap. Alors, là, on peut se poser la question, on se demande, mais est-ce qu'on veut vraiment un enfant ? Parce que si, Kéren, tu veux un enfant, tu prends un enfant avec particularité. Mais je me dis aussi, est-ce que je ne pourrais pas avoir un enfant qui n'ait pas de particularité ? Est-ce que je peux trouver que nos handicaps sont déjà suffisamment lourds pour nous, qu'on souhaiterait avoir. Je n’ose pas dire ça, parce que je vais dire un enfant normal, mais c'est quoi la normalité ? Alors, je vais dire un enfant qui n'a pas de handicap. Et quand je dis ça, je ne veux pas choquer surtout. Je vis le handicap au quotidien. Je comprends complètement. Je sais ce que c'est. Je me dis juste, est-ce qu'il est possible qu'on nous donne cette joie d'avoir un enfant qui n'est pas porteur du handicap ? Parce que le handicap, je le dis encore une fois, je le connais, je le maîtrise. Je vis avec lui tout le temps. Et je vivrai avec lui toute ma vie. Mais mon mari et moi, on souhaitait avoir un enfant qui ne soit pas porteur du handicap. Donc, il reste une solution. Eh bien, il reste une solution quand on a... C'est la GPA. À contrecœur. Parce qu'il y a quelques années, je ne m'imaginais pas prendre ce chemin de la GPA. Pour moi, c'était totalement... Quand on ne vit pas la situation, on se dit, on aura des enfants facilement. Ça va bien se passer. Mais quand on est comme ça dans le dur et qu'il ne reste que cette solution, eh bien, on y va. On y va et c'est difficile d'y aller.
On y va et c'est difficile d'y aller. Et donc la première démarche qu'on fait, c'est qu'on regarde d'abord les pays qui font la GPA.
Keren : Donc, en premier lieu, nous avons entamé notre recherche en examinant les pays qui autorisent la gestation pour autrui (GPA). Nous avons scrupuleusement évalué chaque option. Il s'avère que l'Inde ne permet plus la GPA pour les couples étrangers.
Deux points cruciaux étaient essentiels pour nous. En premier lieu, nous voulions que notre futur enfant ait une identité claire et incontestable, ce qui signifie la possession d'un passeport. Nous ne souhaitions pas ajouter des complexités administratives inutiles à un processus déjà exigeant. En effet, cela pourrait engendrer des problèmes administratifs supplémentaires, et c'est une situation que nous cherchions à éviter à tout prix. En étant conscients que ce choix aurait un impact financier non négligeable, nous avons continué à réfléchir à notre deuxième point primordial. Nous aspirions à effectuer une GPA éthique, c'est-à-dire rémunérer la mère porteuse sans que cela devienne sa principale source de revenus. Cela signifiait que notre liste de pays potentiels se réduisait considérablement. Les pays d'Europe de l'Est ne correspondaient pas à nos critères, de même que l'Algérie, étant donné qu'ils ne nous offraient pas la trajectoire que nous cherchions à emprunter. Finalement, les États-Unis se sont présentés comme le pays qui répondait le mieux à nos besoins. C'est un endroit où notre enfant serait assuré d'avoir un passeport, garantissant ainsi son identité. De plus, les États-Unis offrent une perspective unique où les mères porteuses font preuve d'une grande générosité et considèrent souvent leur acte comme une marque de bonté à tel point qu'elles l'incluent parfois sur leur curriculum vitæ. Cependant, il est important de noter que la GPA aux États-Unis est un choix extrêmement coûteux.
Trouver sa mère porteuse et ses donneurs de gametes
Est-ce que c'est simple finalement de trouver une mère porteuse ?
Trouver une mère porteuse n'est pas une tâche simple. En réalité, c'est un processus complexe. Pour un couple qui aspire à fonder une famille par le biais de la GPA, la démarche commence par des recherches sur les réseaux sociaux et d'autres plateformes. Il existe un nombre considérable de ressources en ligne consacrées à ce sujet, et un nombre croissant de personnes ont recours à la GPA. Après avoir recueilli des informations, le couple choisit une agence spécialisée. Cette agence propose ensuite une sélection de mères porteuses parmi lesquelles le couple peut faire son choix en fonction de ses critères et de ses affinités. En parallèle, le couple sélectionne une équipe médicale chargée de l'implantation des embryons dans l'utérus de la mère porteuse. Cependant, avant d'en arriver là, il est nécessaire de résoudre une question préliminaire essentielle : celle de la disponibilité des embryons. Si le couple ne dispose pas de ses propres embryons, il peut choisir d'utiliser des ovocytes provenant de donneurs, que ce soit des donneurs anonymes ou des connaissances. Il existe des options publiques et privées pour les donneurs d'ovocytes, car ils peuvent également décider de conserver leurs embryons. Je m'apprêtais justement à te demander comment se fait ce choix. As-tu une idée de la vie de ces donneurs d'ovocytes ? Comment parvient-on à faire un choix ?
On nous propose un dossier complet, un véritable catalogue qui contient les antécédents médicaux, familiaux, les groupes sanguins, les loisirs, et même le parcours éducatif, y compris l'université, des donneurs. En réalité, ce catalogue fournit des informations très détaillées, remontant parfois jusqu'aux arrière-arrière-grands-parents. Cela signifie que si, par exemple, l'un des donneurs a des antécédents de diabète, on peut retracer si cette condition était présente chez son arrière-grand-père ou son grand-père. Cette connaissance des antécédents est essentielle, car le choix des embryons a un impact potentiel sur la santé de l'enfant à naître. Il est donc crucial de prendre en compte ces informations pour éviter que l'enfant hérite de problèmes de santé, qu'il s'agisse de diabète, de maladies oculaires, de maladies dégénératives, ou autres.
Ainsi, tu as l'opportunité de choisir les embryons et de sélectionner l'équipe médicale qui t'accompagnera dans ce processus, ainsi que l'agence de mères porteuses qui te soutiendra. Toutefois, une fois que ton dossier est constitué, c'est la mère porteuse qui prend la décision finale. Elle joue un rôle essentiel dans ce processus, car elle doit choisir si elle souhaite t'accompagner en fonction de vos valeurs communes. Cela peut inclure un CV et peut-être même une lettre de motivation pour aider à établir un lien avec elle.
Il est important de noter que ce processus, à la GPA, n'est pas aussi simple que certains pourraient le penser. Il nécessite un effort et une compréhension profonde de la part de toutes les parties impliquées. Parfois, des défis inattendus se présentent, comme la nécessité de prouver son autonomie et sa normalité, comme ce fut le cas pour nous. Nous pensions que les États-Unis, étant un pays avec un grand nombre de militaires, seraient bien informés sur le handicap, mais ce n'était pas le cas. Nous avons été surpris d'apprendre qu'ils doutaient de notre capacité à être autonomes. L'agence de mères porteuses nous a même demandé de créer une vidéo pour montrer que nous étions parfaitement capables et indépendants, ce qui n'était pas quelque chose que nous avions anticipé. Cela nous a amenés à solliciter l'aide de nos amis pour réaliser ces vidéos afin de démontrer notre autonomie. Cependant, bien que cela puisse sembler être un nouveau défi pour vous, est-ce encore un obstacle à surmonter ? En réalité, non, ce n'était pas vraiment un obstacle. Ce n'était rien de grave. Par la suite, il y a eu d'autres défis bien plus importants à relever. Alors, non, cette demande de vidéo n'était qu'une formalité pour s'assurer de notre capacité à gérer la situation. Cela ne nous a pas vraiment dérangés. Au final, cela s'est avéré être une expérience plutôt amusante pour nous. Donc, nous avons réalisé la vidéo, tranquillement. Puis, entre-temps, la pandémie de Covid-19 est survenue. Oh, cette situation... Le fameux Covid. Pendant cette période, il semblait que tout s'arrêtait. Les femmes porteuses suspendaient leurs activités, et en réalité, tout semblait gelé pendant près d'un an et demi. J'étais plutôt optimiste au début, je pensais que cela passerait rapidement, comme si c'était une simple formalité. Mais la réalité était bien différente. La pandémie a mis notre patience à l'épreuve. Évidemment, ce n'était pas de notre faute, mais il était difficile de ne pas en ressentir les effets. Rien ne semblait bouger, et pendant cette période, j'ai eu beaucoup de temps pour réfléchir. J'ai beaucoup médité à ce moment-là. Une dame m'a dit quelque chose que je trouve particulièrement beau et vrai. Elle m'a dit, "Kéren, au lieu de te plaindre, considère le Covid comme un cadeau de temps de qualité. C'est une période qui nous a été donnée à tous pour prendre du temps pour nous-mêmes, apprécier la nature, les levers de soleil, passer du temps en famille, et profiter de l'instant présent. Nous n'avons souvent plus ce temps dans nos vies bien rempli. Bonjour, au revoir, vite, mange vite. C'était un moment d'arrêt, et nous avons pu voir la vie reprendre, la nature reprendre ses droits. N'est-ce pas magnifique ? Personnellement, j'ai vraiment apprécié cette période. C'était une période de qualité, mais aussi un moment pour me recentrer et me poser des questions profondes. C'est à ce moment-là que j'ai commencé à me poser des questions essentielles. Qu'est-ce que je veux vraiment ? Cette question me hantait, et je me la posais continuellement. Suis-je vraiment sur le chemin que je veux emprunter ? Est-ce que j'ai encore envie de poursuivre cet objectif ? Car c'était un engagement, un parcours, un peu comme un marathon. Personnellement, j'adore la course à pied, c'est une forme de conversation avec moi-même. J'ai même remporté le semi-marathon de Boulogne. Vous connaissez Boulogne ? C'est un parcours vallonné, exigeant. Courir à Boulogne, c'est une expérience robuste. Vers le dixième kilomètre, j'ai commencé à ressentir la fatigue, avec toutes ces montées et descentes. C'est un moment où les jambes ne suivent plus, et c'est à ce moment-là que l'on découvre l'essence même du semi-marathon. Quand vous ne pouvez plus avancer, vous commencez à discuter avec vous-même, c'est incroyable. C'est à ce moment que le plaisir commence. J'ai eu une conversation intérieure, moi avec moi-même, et je me suis encouragée. "Regarde, il fait beau, c'est formidable. Tu cours, les voitures sont arrêtées, tu es en train de courir, c'est génial. Mais qu'est-ce que tu ressens, qu'est-ce que tu vis ?" J'ai eu cette conversation, et j'ai réussi à terminer la course. C'était similaire à la GPA. Pendant cette pause due au Covid, j'ai eu une discussion avec moi-même, et j'ai su que je voulais continuer. J'allais aller jusqu'au bout. C'était mon chemin, et rien ne pouvait m'arrêter. Peu importent les défis, nous étions deux, nous étions forts, et notre désir était immense. Tout ce que nous désirions, c'était l'amour, et l'amour est une force immense. Rien ne pouvait nous arrêter. Nous étions arrivés jusque-là, et nous allions avoir notre bébé. C'était notre objectif, et nous étions forts, unis, et bénis. D'un côté, j'avais mon père, de l'autre, mon beau-père. Il était évident que rien de grave ne pouvait nous arriver. Nous étions bénis, et nous étions bien accompagnés. Alors, pourquoi s'inquiéter ?
Et aujourd'hui, la grossesse est en cours
Est-ce que tu peux nous dire du coup, maintenant, où est-ce que vous en êtes?
Après plusieurs péripéties, y compris un changement d'équipe de GPA en cours de route, nous sommes maintenant à 7 mois de grossesse. Notre petite fille est sur le point d'arriver. Elle naîtra le 23 novembre, dans exactement deux mois, puisque nous sommes aujourd'hui le 10 septembre. Elle vient avec une détermination et une volonté incroyables. Nous avons maintenu la foi, et nous sortons victorieux de cette épreuve. Notre confiance en la vie et en notre désir profond nous a guidés tout au long de ce parcours. Nous avons mis en place tout ce qui était nécessaire pour réaliser notre rêve, et maintenant, il se concrétisera bientôt.
Et donc là, comment ça se passe ? Du coup, vous allez aller sur place un petit peu avant ?
Oui, nous nous rendrons sur place trois semaines avant la naissance. C'est important d'être là avec la femme porteuse avant cet événement majeur. Nous resterons également trois semaines après la naissance, car il y a des aspects administratifs à régler. Nous nous rendons au Texas, plus précisément à Houston, et nous accueillerons notre fille à New Caney. Quand je dis cela, je suis très émue. Aujourd'hui, nous voyons enfin la finalité de notre parcours, mais il a fallu douze ans de combat, de PMA, de pleurs, de cris, de désespoir, de tristesse, et même de jalousie à certains moments. Il y a eu des moments où je ne voulais voir personne, une douleur intense dans mon ventre, en raison de l'endométriose qui est toujours présente. Mais malgré tout, il y a eu de l'amour. Toujours de l'amour. Et aujourd'hui, nous sommes ici. Notre fille est sur le point d'arriver, et nous sommes extrêmement heureux. C'est un message d'espoir. N'abandonnez jamais. Ne lâchez pas prise. Prenez un peu de temps pour vous, buvez une coupe de champagne, faites-vous un thé. Que ce soit une semaine, un mois, ou plus, lorsque vous sentez que vous avez à nouveau la force et que vous êtes prêts à remonter sur le ring, faites-le. La vie vous met au défi, elle vous demande si c'est réellement ce que vous voulez. Pour nous, c'est ce qu'elle a fait. Elle nous a posé cette question plusieurs fois. Et à chaque fois, nous avons répondu "oui." C'est là la vraie question : qu'est-ce que vous voulez vraiment ? Si c'est vraiment ce que vous voulez, alors vous mettrez tout en œuvre pour le réaliser, car cela va se réaliser. Vous n'avez rien de moins que nous. Rien du tout. Nous ne sommes pas des magiciens. Nous avons la même volonté, la même envie, la même perspective de vie, la même joie, la même détermination. Je partage ces mots avec de nombreuses personnes, et je suis certaine que certaines d'entre elles ressentent cette même détermination. Donc, ne lâchez pas prise, car tout ce que vous désirez est là, derrière cette porte, prêt à se concrétiser, même si vous ne le voyez pas encore. C'est déjà là, je vous l'assure.
Tu as des contacts du coup pendant la grossesse avec la mère porteuse ?
Oui, j'ai des contacts avec la femme porteuse. Actuellement, nos échanges sont un peu moins fréquents, mais nous restons en contact. J'ai même envoyé des écouteurs prénataux pour qu'elle puisse les utiliser. J'envoie également de la musique classique, car j'adore ce genre musical et je souhaite que notre enfant en profite. En plus de la musique, j'envoie des enregistrements audio de notre voix. Mon objectif est de m'assurer que notre enfant entende notre voix en plus de l'accent américain.
Je pratique également la lactation induite, ce qui signifie que même si vous n'avez pas porté l'enfant, il est possible d'induire la lactation pour l'allaitement. Je suis en train de suivre le protocole de Newman, qui comporte à la fois un protocole médicamenteux que je suis depuis le 9 août, ainsi qu'un protocole de pompage des deux seins. Donc, pour les messieurs, vous serez contents d'apprendre que le pompage est une partie importante de ce processus. La stimulation des seins est essentielle. J'ai commencé à avoir mes premières gouttes de lait le 6 septembre, ce qui signifie que cela ne fait que quelques semaines. J'ai réussi à stimuler ma lactation en un mois environ.
L'allaitement a toujours été un aspect essentiel de mon parcours de vie, car je considère que c'est un moyen de partager de l'amour et de créer un lien unique avec l'enfant. C'est une expérience extraordinaire, et je suis très heureuse de pouvoir allaiter. Donc, Mesdames, sachez que même si vous n'avez pas porté l'enfant, il est possible d'allaiter. N'hésitez pas à vous renseigner auprès de consultants en lactation, car c'est une possibilité tout à fait réalisable. C'est une belle opportunité à explorer.
Est-ce que tu parlais un petit peu tout à l'heure de jalousie ou des choses comme ça, est-ce que vis-à-vis de ton entourage vous avez du soutien par rapport comment…
Oui, nous sommes très bien entourés, et c'est essentiel. Je tiens à parler de la jalousie, car c'est une émotion que je n'ai pas cachée. Il est normal de ressentir de la jalousie lorsque l'on traverse des moments difficiles comme ceux que nous avons vécus. Il ne faut pas se mentir, il est essentiel de vivre ces émotions pour les dépasser. Nous passons par des étapes de colère, d'envie, de déception, voire de haine parfois. Tout cela est normal, et il faut le vivre pleinement.
J'ai ressenti de la jalousie lorsque je voyais des femmes enceintes ou des bébés, car cela me rappelait douloureusement ce que je ne pouvais pas avoir. Mais j'ai aussi ressenti de la joie pour elles, car ce n'était pas parce que je ne pouvais pas avoir d'enfant que les autres devaient en souffrir. J'ai vécu ces émotions contradictoires, la souffrance et la joie pour les autres.
Il y a eu des moments où des amis nous annonçaient leur grossesse, et cela nous touchait profondément, car cela nous rappelait nos propres difficultés. Cependant, j'étais capable de ressentir de la joie pour eux malgré ma propre souffrance. Nous vivons tous ces moments difficiles, que ce soit en PMA, en GPA, ou même sans ces parcours particuliers. La vie nous confronte à des défis, et il est normal de ressentir ces émotions.
Il est essentiel de vivre ces étapes, de les ressentir pleinement, de pleurer quand il le faut. J'ai même hurlé de désespoir dans ma voiture à un moment donné. Cependant, il y a eu un moment où mon mari m'a dit que si c'était trop difficile pour moi, nous pourrions arrêter. Sa préoccupation était de me voir souffrir, mais je réalisais que ma souffrance m'aveuglait, et je ne prenais pas en compte sa propre douleur. Ce jour-là, j'ai décidé de ne plus me plaindre, de l'écouter davantage, et je n'ai plus jamais exprimé de plaintes envers lui. Nous avons tous deux souffert, chacun à sa manière, mais il était essentiel de reconnaître sa douleur.
Tous ces moments difficiles ont été nécessaires pour nous façonner en tant que parents. Nous avons dû passer par toutes ces étapes pour devenir les personnes que nous sommes aujourd'hui. Cela nous a permis de nous renforcer, de nous préparer à accueillir notre fille. Notre couple est solide, avec ses failles bien sûr, mais nous sommes prêts à être les meilleurs parents possible. Nous sommes au point, nous sommes prêts pour l'arrivée de notre fille.
Nous n'étions pas les mêmes il y a quelques années, mais grâce à ces épreuves, nous sommes prêts à l'accueillir. Notre fille arrive au moment opportun, et nous sommes prêts à lui offrir tout notre amour. C'est un moment extraordinaire, et nous ne lâcherons pas, nous continuerons à avancer. Nous sommes à deux mois de son arrivée, et nous n'avons jamais été aussi proches de réaliser notre rêve. Nous sommes impatients, et rien ne pourra nous arrêter.
Où retrouver Keren
Est-ce que tu peux nous donner un petit peu tes réseaux, où est-ce qu'on peut te retrouver, où est-ce qu'on va pouvoir suivre tes aventures de maman ?
Bien sûr, vous pouvez me retrouver sur plusieurs plateformes. Sur Instagram, je tiens le Journal de Kéren, où je partage des idées et des conseils pour vivre la vie à 100%. Mon mari, Steve, est également très présent sur cette page.
J'ai un podcast intitulé "En Toute Intimité" sur Ausha, où j'aborde différents parcours de parentalité, que ce soit en couple, en famille homoparentale, hétéroparentale, ou en tant que parent célibataire. Je m'intéresse également à la manière dont les gens perçoivent la différence.
Sur YouTube, j'ai une chaîne également appelée "En Toute Intimité," où je partage des contenus similaires à mon podcast.
Je travaille actuellement sur le tome 2 de mon livre. J'ai récemment repris les droits de mon premier livre en raison de quelques problèmes avec la maison d'édition. J'écris également un roman intitulé "La Fille de l'au-delà," qui est une histoire complètement différente de mon vécu, se déroulant en Afrique et au Canada, en pleine campagne de neige.
Ce parcours a été long et difficile, et il n'est pas encore terminé. Merci beaucoup pour cet échange, et je suis impatiente de partager la suite de nos aventures. Nous nous donnons rendez-vous après le post-partum pour vous donner des nouvelles et vous présenter notre petite princesse tant attendue.
Le parcours de Kéren et Steve est un témoignage poignant de persévérance, d'amour et de détermination. Leur voyage vers la parentalité à travers la GPA est une leçon de vie qui nous rappelle que malgré les obstacles, l'espoir et la volonté peuvent triompher. Ils ont traversé des moments difficiles, mais ils sont ressortis plus forts et prêts à accueillir leur petite fille avec tout l'amour du monde.
Keren nous rappelle que les émotions complexes, comme la jalousie et la colère, font partie du chemin vers la parentalité, et que les vivre pleinement peut nous aider à grandir. Son message d'espoir est une source d'inspiration pour tous ceux qui sont confrontés à des défis sur le chemin de la parentalité.
Leur histoire est un rappel puissant que la vie réserve souvent des épreuves, mais qu'à travers la détermination, l'amour et le soutien, on peut les surmonter. Et, comme le dit Kéren, ce que vous désirez est déjà là, attendant d'être réalisé. Alors, n'abandonnez jamais et poursuivez votre chemin vers la réalisation de vos rêves.
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